jeudi 19 mai 2016

La fille du train de Paula Hawkins : un thriller intimiste ?

"Plus de 8 millions d'exemplaires vendus", le premier roman de Paula Hawkins et best-seller dès sa sortie vous annonce la couleur.

Histoire d'en rajouter un peu, voilà ce qu'on lit sur la quatrième de couverture
"Mieux qu'un thriller exceptionnel, un piège paranoïaque et jubilatoire. Lisez-le vous comprendrez pourquoi."
Avant même sa sortie en librairie, le roman va être adapté au cinéma par Steven Spielberg et le roi du thriller, Stephen King en personne a dévoré et adoré le livre. Comment résister?
Pour autant, est-il aussi exceptionnel qu'on le dit? Parce que Marc Lévy aussi vend ses livres à des millions d'exemplaires...

Quand il y a trop de tapage médiatique autour d'un livre ou d'un film, je fais un genre de rejet le temps que ça se calme, pour pouvoir l'apprécier en toute tranquillité, et ne pas être spoilé toutes les 5 minutes sur mon fil facebook ou twitter (un an après, c'est plus facile d'oublier ;) ). Oui, la lecture c'est sacré. Bon, La fille du train, alors, qu'est-ce que ça donne ?

Résumé du livre

On est aux côtés de Rachel, à bord du train qu'elle prend deux fois par jour pour se rendre au travail. Elle passe devant la maison où elle a habité avec Tom, son ex-mari, qui vit maintenant avec Anna, la mère de son enfant. Mais c'est un autre couple dont Rachel observe des bribes de vie, celui de Megan et Scott, deux inconnus. Sauf qu'un jour, elle apprend que cette dernière a disparu.
Roman à trois voix, on accède aux pensées de ces trois femmes, liées entre elles par le personnage de Rachel. Loin d'aider le lecteur, ces trois points de vue ainsi que la chronologie non linéaire des chapitres sèment le doute et la vérité se fait de plus en plus incertaine.

Rachel, portrait d'une anti-héroïne 

Rachel n'est pas une fille à qui tout réussi. Rachel est une jeune divorcée dont le mari l'a quittée pour une autre. Dépressive, elle se réfugie dans l'alcool et finit par quitter son travail. Honteuse, elle le cache à sa colocataire et continue à prendre le train tous les matins comme si de rien n'était. Tous les jours, elle observe ce couple, qu'elle appelle Jess et Jason (Mégan et Scott) et imagine leur vie. On atteint alors un niveau d'intimité et de voyeurisme qui a à la fois crée de la sympathie de la part du lecteur et un certain malaise en même temps. La vie n'étant pas un long fleuve tranquille, on reconnaît ces moments de doute, où rien ne va plus, où on cherche à définir qui on est et ce qui nous rend heureux.
Au fil de la lecture, Paula Hawkins nous donne à voir des femmes qui semblent heureuses en apparence mais qui derrière le masque, cachent des frustrations et des secrets... Symptôme typique d'une société qui met le bonheur et le paraître sur un piédestal. 

Une intrigue à la Gone Girl

Un beau jour Mégan disparaît, sans raison. Rachel, ivre ce soir-là, pense avoir été la dernière à la voir mais ses souvenirs sont flous, se réveillant avec des bleus et du sang sur le crâne, elle ne sait même plus comment elle a eu ces blessures... Elle veut à tout prix découvrir la vérité, pour elle-même et pour cette femme dont elle se sent proche. 
Est-elle partie ? Est-elle vivante? Avait-elle une liaison? On soupçonne le mari, on s'intéresse à ses relations. L'intrigue n'est pas particulièrement innovante mais le mélange de ces trois voix féminines qui ont apporte un point de vue différent sur un même événement, et son personnage principal, une chômeuse alcoolique dont la parole n'est pas recevable apportent une certaine complexité et un réalisme rafraîchissant

A la fois roman intimiste et thriller, La fille du train réconcilie le lecteur avec le genre policier. 


lundi 16 mai 2016

The Good Wife : la fin d'une époque

Adieu Alicia Florrick, adieu à la plus célèbre avocate de Chicago, qui depuis 2009 est le modèle de l'épouse et mère dévouée qui reprend son indépendance en retrouvant le monde du travail.

Créée par Robert et Michelle King, et produite par Ridley Scott et son frère, la série The Good Wife est un petit bijou de réalisation. A mi-chemin entre Mad Men et Grey's Anatomy, contribuant ainsi à redorer le blason des séries télé.

The Good Wife, c'est quoi déjà? 

Petit rattrapage pour ceux qui auraient oublié le début de la série ou qui n'ont jamais eu l'occasion de la voir. The Good Wife raconte l'histoire d'Alicia Florrick ancienne avocate devenue mère au foyer pour élever ses deux enfants, et épouse du procureur de Chicago. Ce dernier est poursuivi pour corruption doublé d'un scandale sexuel. Alicia n'a pas d'autre choix que de reprendre sa carrière d'avocate.

Alicia, un modèle de féminisme bourgeois ?

Les créateurs de la série ont décidé de montrer leur personnage principal avant tout sous l'angle une bonne épouse et une bonne mère, son travail d'avocate est plutôt contextuel. On s'identifie alors plus facilement à l'héroïne, qui devient alors un modèle pour de nombreuses femmes. 

En effet, à l'annonce de l'infidélité de son mari et de son manque d'éthique professionnelle (un comble dans le milieu de la justice), Alicia choisit quand même de soutenir son mari, pour sa famille et la carrière de celui-ci (le statut de procureur aux Etats-Unis relève davantage du domaine politique). Nous sommes loin d'un féminisme pur et dur me direz-vous. Justement. The Good Wife, c'est le parcours d'une madame tout le monde en prise avec des problèmes réalistes (payer le loyer, élever ses enfants et leur préserver une unité familiale...), et qui passe parfois par un sacrifice personnel.

Quelque part ce bouleversement moral a eu pour effet de révéler son désir d'indépendance, d'abord professionnel puis sentimental. Elle va reprendre en main sa carrière d'avocate et se libérer petit à petit des contraintes du mariage. Mauvaise publicité ou non, elle va profiter de la couverture médiatique de son mari pour se faire son propre nom dans le milieu très fermé des cabinets d'avocats. 
Il faut rappeler qu'Alicia part quand même avec de sacrés "désavantages" : c'est une femme, qui plus est qui a passé la quarantaine et qui n'a pas travaillé depuis plus de 13 ans. Elle va ainsi devoir prouver deux fois plus que les autres que c'est une avocate douée. Et c'est ça qui est fort dans ce network grand public.

Qui plus est, plus les saisons passent, plus Alicia s'affirme et choisit de plus en plus la voie de l'indépendance, en choisissant de créer son propre cabinet ou encore de suivre son cœur et divorcer. L'idée derrière ces choix, c'est peut-être une certaine conception du bonheur, en choisissant ce qui nous fait du bien même si ce n'est pas parfait. Etre associée d'un cabinet majoritairement féminin plutôt que de devoir gérer seule les contraintes de son propre cabinet, choisir d'aimer un homme même si ce n'est pas l'amour de sa vie car il ne reviendra jamais (RIP Will Gardner ;) ). A la fin, Alicia est à nouveau en accord avec ses valeurs, elle qui est profondément éprise de justice.

Une justice aux problématiques modernes

The Good Wife, une énième série judiciaire aux intrigues sentimentales ? Bien plus que ça, la série traite de la corruption au sein de la justice, des écoutes de la NASA suite à la politique antiterroriste mis en place après les attentats du 11 septembre et qui met à mal les libertés individuelles ou encore les problématiques que posent les nouvelles technologies et Internet dans le cadre d'une législation balbutiante... Une réflexion assez poussée sur le monde d'aujourd'hui.


La boucle est bouclée

Et oui, The Good Wife c'est bien terminé, il faut se faire une raison. Le verre de vin rouge siroté après une longue journée de travail va nous manquer (qui a dit que l'alcool était reservé aux hommes et aux publicitaires ?). Comme Olivia Pope dans Scandal, elle avait rendu le verre de vin classe (avec modération bien sûr). The Good Wife c'est aussi des amitiés solides avec ses collègues Kalinda et Cary, sans compter Eli Gold, qui connaît mieux la vie des époux Florrick que la vie de sa propre fille.

Bien que la saison 6 soit un peu décevante pour un final, avec une Alicia un peu moins mordante que d'habitude, les frères Scott et les époux King ont quand même voulu bien faire les choses. L'épisode final où Peter en conférence de presse est à nouveau confronté à la justice, en écho au premier épisode où Alicia se tient à ses côtés. Sauf que cette fois elle décide de voler de ses propres ailes.













mardi 29 mars 2016

La série Vinyl : plongée dans la frénésie du rock et de l'industrie musicale des seventies

Synopsis

Vinyl nous immerge dans le New-York des années 70's, lorsque l'industrie musicale était une vraie machine à cash. On se retrouve aux côtés de Richie Finestra, un producteur de musique accro à la cocaïne, à la recherche de groupes qui marqueront la musique de demain. Mais son label et son mariage sont mis à mal par des comportements et des choix pas toujours judicieux...

Du grand spectacle 

Avec Martin Scorcese et Mick Jagger à la production, autant vous dire que la série Vinyle, c'est du show à l'état pur. Elle s'offre ainsi un budget à 100 000 $ par épisode pour ses musiques, afin de reproduire au plus près l'ambiance de l'époque. Bien sûr, décors et costumes nous replongent dans le style disco, punk, rock et r'n'b, au risque de piquer les yeux. 

Dans le même esprit que Broadwalk Empire que Martin Scorcese avait également réalisé avec Terence Winter, la série s'inspire de faits et personnages réels, qui ont été recontacté pour être le plus fidèle possible à la réalité. 
Des grands noms de la musique et de la culture sont présents, comme Andy Warhol, un ami proche de la femme de Richie (Olivia Wilde) ou encore David Bowie, qui apportent encore plus de grandiose et de faste au show. Le premier épisode démarre d'ailleurs en grande pompe, en éblouissant le spectateur pas moins de 112 min...

Folie des années 1970 et empire musical


L'intrigue de Vinyl et les personnages sont aussi barrés que l'esprit seventies, en pleine libération des moeurs, de consommation de stupéfiants en tout genre. Avec beaucoup d'argent à la clé, pas facile de s'imposer dans l'industrie musicale, où tous les coups sont permis. Radio, artistes, producteurs, tout est prétexte à dominer son concurrent.

Le personnage principal, Richie Finestra, issu de la classe moyenne a du mal à complètement s'intégrer dans ce monde de l'excès, de la débauche et de l'argent, il est vite dépassé par la cocaïne et les responsabilités. Issu d'un métissage entre un père blanc et une mère noire dont il se revendique régulièrement, il semble toujours tiraillé entre deux mondes. Abonnés aux mauvaises décisions, il fait face aussi bien aux critiques de ses concurrents, de ses associés et de sa femme. Mais tel le plafond d'une salle de concert qui s'effondre littéralement, son univers tombe en ruine, mais au lieu de baisser les bras, il semble être galvanisé par ses échecs, et arrive à en sortir plus fort.
Une personnalité assez atypique dont on va aimer suivre le parcours...






mardi 8 mars 2016

La série Love : décadence de l'amour 2.0 ?

Résumé


Nouvelle série romantique de Judd Apatow, co-scénariste de Girls, réalisateur de En cloque : mode d'emploi (et des films en suffixe -mode d'emploi...) et plus récemment Crazy Amy avec la talentueuse Amy Schumer; il explore à nouveau la question du couple et de la relation amoureuse à l'ère d'Internet et des nouveaux moyens de communication, avec des trentenaires de Los Angeles issus de la fameuse génération Y.


Lui, c'est Gus, un gars sympathique avec des airs d'intellos timide (la faute aux lunettes!), dont sa petite amie vient de le tromper.


Elle, c'est Mickey, une nana dans le genre libérée et grande gueule, enchaînant les aventures, mais qui cache au fond une fille un peu triste et paumée. Elle vient de se séparer de son mec parce qu'elle ne supportait plus qu'il vive encore chez sa mère passé 30 ans. 


Et c'est deux là se rencontrent, et même pas sur Meetic. Oui oui, dans la vraie vie. On suit alors comment va naître leur histoire.

L'anti comédie romantique ? La génération  Y sait-elle encore aimer ?

Si vous cherchez une histoire d'amour à la Pretty Woman et Love Actually, passez votre chemin. Pas de paillettes, pas de bons sentiments dégoulinants, mais la vérité crue. Déjà la rencontre : à la boutique d'une station service (limite en pyjama). Elle a oublié son portefeuille, en mec sympa, Gus la dépanne. On a connu plus glamour, et tant mieux !

Une journée passée ensemble, un burger et un joint de partagé (en bon jeunes trentenaires branchés de la côte ouest qui se respectent), des blagues, des sourires. Une attirance mais pas vraiment le coup de foudre. Se pose alors la question de la suite, continuer à se voir, envisager d'être ensemble? Pas si simple.

La relation amoureuse d'aujourd'hui semble se définir en terme de compatibilité quasi mathématique. L'alchimie amoureuse réduite à un algorithme, typique de ce que propose les sites de rencontre, avec une préselection du partenaire selon des critères précis. Du coup, ces deux là ne se ressemblent pas tellement et devraient passer leur chemin, et pourtant ils continuent.

Le communication au coeur du problème

Elément incontournable de la série et de nos vies, le portable, est très bien représenté à l'écran comme moyen de communication problématique dans la relation amoureuse. 

En effet, le fameux délai avant d'envoyer le premier message/appel et avant de répondre, occasionne de la frustration, voire peut faire capoter la relation.  

Les mots sont précieusement choisis, et un long message exposant ses sentiments peut finalement se transformer en un "salut ça va?" pour entrer dans la norme et ne pas faire peur à l'autre. 

La série montre parfaitement comment le fait de textoter devant l'autre peut être perçu comme un manque de respect, comme si notre génération ne pouvait plus accorder à l'autre de l'attention sur la durée. 

Société de l'apparence, il faut se montrer aux autres sous son meilleur jour, accepter des conditions de travail difficiles pour garder son emploi ou monter dans la hiérarchie, cacher sa tristesse, au risque de ne plus être soi-même, ce qui est problématique pour une relation amoureuse saine. La série Love est à l'image de Girls, une esquisse de la jeunesse actuelle, dont les diplômes et l'énergie ne sont pas suffisants pour être heureux et réaliser ses rêves. A voir si un sursaut, une rébellion est possible...



lundi 22 février 2016

Le documentaire This Changes Everything : l'écologie dans les mains des citoyens


Diffusé sur Canal +, This Changes Everything (en français, ça change tout) est un documentaire réalisé par Arvi Lewis sur la base de l'essai de la canadienne Naomi Klein, connue dans le milieu altermondialiste depuis la fin des années 1990, qui s'intéresse au réchauffement climatique plus dans un esprit citoyen, à la fois comme réflexion sur notre société et les actions citoyennes possibles pour tendre vers un monde meilleur.


Réalisé sur 4 années, ils vont dans quatre coins du monde, en occident et dans les pays en voie de développement pour nous donner un aperçu des effets de la pollution et du capitalisme (notamment la surconsommation qu'il engendre) sur l'environnement mais également dans le mode de vie des populations.


Au cœur du documentaire : les citoyens du monde


Ce qui est particulièrement intéressant dans ce documentaire, c'est la grande place qui est faite aux citoyens. Oui le réchauffement climatique est du en grande partie à l'action de l'Homme, mais ne culpabilise pas pour autant le téléspectateur. D'ailleurs la réalisatrice commence en disant que ce n'est pas en parlant des ours polaires que ça va l'inciter à changer les choses. Je trouve cet exemple très pertinent parce que ce genre d'exemple est trop éloigné du quotidien des gens pour les toucher et les faire réagir.
C'est pourquoi elle filme aussi bien :

  • la communauté Amérindienne Tar au Canada, dont des milliers d'hectares de sable bitumeux sont détruits pour récupérer le pétrole, ce qui nécessite la destruction de la forêt et dont on refuse l'accès alors que ce sont leurs propres terres;
  • un couple du Montana et des Indiens Cheyennes qui luttent contre la mise en place de pipeline d'extraction de pétrole et de gaz de schiste et qui proposent une solution à l'énergie solaire;
  • les habitants d'un village grec qui refusent que leur environnement soit détruit pour l'extraction d'énergie fossile sous prétexte de la crise économique qui sévit dans le pays;
  • des habitants d'un village en Inde qui se battent pour préserver leur environnement et leur mode de vie modeste contre la construction d'usines à charbon polluantes et destructrices d'emploi.
Impossible de ne pas être touché par le combat et par la force de chaque communauté, qui fédèrent autour de l'idée de vivre ensemble de manière juste et raisonnée, en accord avec leur environnement. Une représentante de la communauté Tar explique que pour son peuple, les hommes appartiennent à la terre et non l'inverse, qu'ils profitent de ce qu'elle a à leur offrir lors de leur passage sur Terre, et qu'en aucun cas ils n'ont le droit de détruire ses ressources, au contraire de l'idéologie capitaliste. 



Le postulat à abattre : la nature est une machine que nous pouvons dominer et exploiter

Depuis la révolution industrielle et l'émergence du modèle capitaliste occidental, l'économie fonctionne sur l'exploitation des matières premières et de l'énergie fossile comme modèle de développement. Or cette exploitation génère une pollution inégalée, et loin de se stabiliser, demande toujours plus de ressources pour durer

Ainsi les pays occidentaux n'ont fait que déplacer le problème dans les pays en voie de développement comme l'Inde ou la Chine, dont la dernière suffoque sous les nuages de pollution. Problème écologique et sanitaire majeur, la Chine a décidé de fermer progressivement ses usines de charbon pour effectuer une transition de grande ampleur vers l'énergie solaire en devenant le premier producteur de panneaux solaires.
De plus, l'exploitation des énergies fossiles, au-delà de détruire la faune et la flore locale, fournit moins d'emplois que les modes de vies ancestraux. Cela engrange ainsi davantage de pauvreté et un décalage avec les valeurs des communautés et des citoyens. Au contraire, le développement durable et les énergies renouvelables pourvoient beaucoup plus d'emplois et permettent de vivre en accord avec la nature tout en vivant dans la modernité.

Des actions concrètes qui fonctionnent


La grande force du documentaire This Changes Everything consiste à montrer des combats et des actions en cours ou qui ont réussi. Ainsi par les manifestations des villageois en Inde, parfois au prix de leur vie, ils ont fait reculer le gouvernement en annulant la création d'une usine à charbon. Dans le Montana, l'installation de panneaux solaires rendant la zone autonome en énergie porte un sacré coup d'arrêt à l'extraction d'énergie fossiles. En Allemagne, le pays fait exemple en Europe comme transition possible vers les énergies renouvelable, rendant compatible l'écologie avec la création d'emploi et la croissance, tout cela grâce aux actions locales des citoyens dans de nombreux Landers.

Ce que Naomi Klein tend à démontrer ici, c'est que toute action locale réussie a valeur d'exemple, de "jurisprudence" pour faire reculer les modèles capitalistes, qui dans la plupart des cas viennent de décisions d'actionnaires et d'industriels étrangers. Ils sont obligé d'avoir l'opinion publique de leur côté, et leurs actions échouent en cas de mauvaise publicité (la mort de deux manifestants par exemple en Inde). Mais la première victoire est la plus dure à obtenir, comme on le voit chez la communauté Tar au Canada ou dans le village grec, dont les combats se poursuivent.








vendredi 12 février 2016

Creed l'héritage de Rocky Balboa : se faire un nom

Synopsis


Spin-off de Rocky, Creed raconte le parcours d'Adonis Johnson, le fils illégitime du grand boxeur Apollo Creed, mort sur le ring peu avant sa naissance. Orphelin de mère, il atterrit de foyer en foyer, prison pour enfants où il s'exprime qu'avec ses poings. Finalement recueilli par sa belle-mère, il bénéficie du train de vie et de l'éducation des classes supérieures, mais ce n'est pas suffisant...
Sur les traces de son père, il part alors à la recherche d'un entraîneur et d'un club de boxe pour devenir à son tour un boxeur estimé. Seul Rocky va accepter de le prendre sous son aile.

Un boxeur en quête de reconnaissance


Personne ne veut du riche black de Los Angeles répondant au nom de Johnson. Seul le vieux Rocky, à la retraite depuis des années, connaît sa réelle identité. Se sentant à la fois responsable de la mort de Creed, et intrigué par la ténacité du jeune homme, il accepte de devenir son coach.

On s'attend à voir un film uniquement sur la boxe, la violence, les combats, mais Creed est beaucoup plus subtil que ça. Adonis est un ambitieux mais qui a la rage de vaincre mais qui est attentif aux autres et se montrer humble pour progresser. Il ne rechigne jamais aux exercices d'un autre âge de Rocky, n'a pas pris en pitié sa voisine (Bianca) atteinte d'un déficit auditif. Il a peur de ne pas mériter son succès et le nom de son père. C'est ainsi qu'aussi calme que charmant avec Bianca et Rocky, sa violence devient incontrôlable dès qu'il se sent jugé et atteint par le regard des autres. La seule solution est d'être fier de son héritage et d'être soi-même.

Quant à Rocky, il a bien vieilli. On retrouve un Stallone en papi un poil gâteux, avec un vieux chapeau et des lunettes, son jogging demeure l'unique trace de son passé de boxeur. Le décès de sa femme quelques années plus tôt l'a définitivement fait quitter le monde de la boxe, comme s'il n'était plus vraiment lui-même, qu'il avait abandonné. A travers ce Rocky fatigué, Stallone montre un portrait touchant et empreint d'humour sur la vieillesse, sa routine et ses peines.

Apprendre à se battre 


Film sur la boxe, le spectateur n'échappe pas à la question de l'apprentissage. Mais ces épreuves initiatiques sont beaucoup plus poussées et font écho jusque dans le combat que mène chacun dans la vie. 
Quand Adonis apprend la discipline de la boxe pour se battre, Bianca quant à elle profite de sa passion pour la musique tant qu'elle le peut et Rocky accepte de se battre contre la maladie grâce au soutien de son jeune protégé. 
Une belle leçon de courage et d'humanité, qui ne se pare pas des grandeurs des poncifs du genre : avec simplicité, force et émotion. 






mardi 2 février 2016

Mr Robot : remise en question de notre société hyperconnectée


Synopsis

Elliot est un programmateur informatique travaillant pour une société spécialisée dans la cybersécurité, Allsafe, notamment pour le compte de la plus grande multinationale, E-Corp, qu'il baptise à juste titre d' "Evil Corp". Solitaire et asocial, accro à la morphine, Elliot est surtout un jeune homme extrêmement intelligent et très perspicace pour ce qui est de voir derrière le masque des gens, notamment en les hackant leurs données personnelles. Le mentalist de la metadonnée en somme!

Un jour, il est contacté par le groupe fsociety, des hackers (dont deux nanas, à l'encontre du cliché habituel) avec à leur tête un homme se faisant appeler Mr Robot. Radical et extrémiste, il veut détruire le système actuel et faire tomber la tête de E-corp, ce qui effacerait les dettes des honnêtes citoyens et retrouver la liberté d'une véritable démocratie. Il accepte et s'embarque dans les rouages du pouvoir et de violence...

Le piratage informatique comme contre-pouvoir


A l'image des Anonymous, la fsociety fonctionne avec les mêmes codes, le même but. Agissant dans l'ombre, elle hacke les puissants pour remplacer une justice impuissante. Elle diffuse des vidéos pour alerter de ses agissements, en cachant ses représentants derrière un masque (similaire à celui du film V pour Vendetta repris par les Anonymous).

En parallèle, on apprend que le père d'Elliot et la mère de sa meilleure amie sont morts à cause de la pollution de l'usine avoisinante, suite aux décisions d'E-corp, ce qui va alimenter la haine du jeune hacker pour cette firme. Sa meilleure amie va choisir la voie traditionnelle en entamant un procès.
Quelle est la solution la plus efficace? La plus juste ?

Dans un monde ultra-connecté, tout va toujours plus vite, un simple clic peut avoir des repercussions désastreuses, la sphère de l'intime et du public s'efface petit à petit. Telles des traces ADN, il devient de plus en plus difficile de cacher ou de supprimer des informations. On voit ainsi Elliot et ses acolytes désosser leurs ordinateurs et les détruire à l'aide d'un micro-ondes ou d'un four.

Société individualiste et solitude

Elliot est considéré comme un asocial parce qu'il n'obéit aux codes habituels des relations en société. Cela ne l'empêche pas d'avoir des amis, il sait qu'il s'exprime de manière franche et dénuée de toute pincette sociale, ce qui peut dérouter et blesser les autres, ce qui le met lui aussi mal à l'aise. 

Plus doué que sa psychologue, elle n'arrive pas réellement à la comprendre et à l'aider. La conscience de sa propre solitude lui provoque des crises d'angoisse que seule la morphine peut calmer. Il est également sujet aux hallucinations, ce qui rend la frontière entre le réel et le virtuel assez floue et nous perturbe à notre tour. 

A l'ère des réseaux sociaux, la solitude n'a jamais été aussi décriée et mal vécue. Renvoyer une belle image de soi et rentrer dans les cases provoque des problèmes existentiels que tous les personnages vivent. Adultère, mensonge, soif de pouvoir, tout le monde trompe son monde. Elliot en est le témoin principal et cela accroît sa méfiance envers les autres, tout en essayant de les aider, à sa manière.

La série phénomène


Addictive, la série Mr Robot est particulièrement novatrice. Avec pour fondement la fracture entre le réel et le virtuel, elle nous fait faire des noeuds au cerveau pour tenter de décrypter les messages que la série véhicule. Elle joue des clichés sur les geeks pour mieux nous montrer sa vision de la nature humaine et du pouvoir. Le scénario subit un véritable tour de force dans les derniers épisodes : méfiez-vous des apparences...

Que dire du jeu de son acteur principal, Rami Malek, à la voix monocorde et pourtant tellement captivante, son regard halluciné, le mal-être qui s'exprime dans le corps et les mouvements. Un acteur que l'on a hâte de retrouver dans d'autres rôles.

Bref, on est scotché!




lundi 25 janvier 2016

Les Huit salopards de Quentin Tarantino : un huit-clos extravagant




L'histoire

Tout commence par un blizzard. Un blizzard à vous coincer les huit pires truands de l'Amérique post Guerre de Sécession dans les montagnes du Wisconsin. Warren (Samuel L.Jackson), un chasseur de prime dont le vieux canasson n'a pas survécu à la rudesse de la tempête arrête l'équipage de John Ruth dit le Bourreau, lui aussi chasseur de prime de profession, se rendant à la mercerie de Minnie, avec Daisy Domergue, la criminelle enragée et raciste dont la valeur s'élève à 10.000 $. Même s'ils sont de vieilles connaissances, Ruth ne laisse entrer personne aussi facilement, et s'en suit un cérémonial et des échanges burlesques pour parvenir à ses faveurs.
Quelques kilomètres plus tard, c'est au tour du futur shérif de Red Rock, Chris Mannix, un sudiste pure souche loin d'être une lumière, les oblige à les prendre avec eux s'ils veulent récupérer leurs primes.
Une fois arrivés, ce n'est pas Minnie qui les accueille, mes quatre autres personnages, un cow-boy, le bourreau de Red Rock, un Mexicain, et un général Confédéré qui se trouvent à l'intérieur. La civilité et les bonnes manières de chacun vont être mises à rude épreuve....

Les dialogues, virtuosité intellectuelle et outrancière


Dans les Huit salopards, ça ne fait QUE parler. Le contexte joue beaucoup. Il faut dire qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire quand la neige empêche toute activité, tout déplacement. Rappelons également que l'intrigue se déroule quelques années après la guerre de Sécession.

Loin des débuts du Far West et de leur violence, les rapports deviennent davantage civilisés, les noirs ne sont plus soumis à l'esclavage. N'en reste pas moins une vive tension entre les perdants Sudistes et les Nordistes. Le discours devient alors une arme de choix : déstabiliser l'autre pour démêler le vrai du faux, faire rire pour détendre l'atmosphère, faire diversion, raconter sa propre histoire,...

Car oui Tarantino fait tout pour que la réalité et fiction soient deux concepts tangibles, risibles. D'abord, des noms invraisemblables : "Oswaldo Mobray", "Minnie", "Mannix", un ancien Sudiste issu d'une fratrie sanguinaire comme futur shérif, un cow-boy qui rend visite à sa maman pour la Noël... On comprend que Ruth et Warren soient dubitatifs...

Des dialogues à rallonge, que seule une bourrasque de vent et de neige semble mettre fin, on se délecte des jeux de mots, d'un langage aussi grossier que brillant.



La patte cinématographique de Tarantino


Fidèle à lui-même et à sa conception du cinéma, refusant le numérique, les scènes sont tournées au format 70mm : "C'est l'image la plus large qu'on puisse produire et cette caméra donne à l'image un aspect événementiel", déclare-t-il dans Culturebox. Il ajoute également dans La Presse, "Il permet aussi de créer un espace encore plus intime. Samuel L.Jackson n'a jamais eu droit à d'aussi beaux plans rapprochés. Et puis, il peut toujours se passer quelque chose à l'arrière-plan. On surveille la scène comme une partie d'échec."

Cela donne à voir au spectateur des paysages sublimes, de la matière et une lumière pure. Chez Tarantino, le réel réside davantage dans l'image que dans l'histoire.

Ne vous inquiétez pas, avec huit truands, la violence est au rendez-vous, et la bande-son est toujours aussi frappante.

2h48 où le spectateur se laisse embobiner avec plaisir par le cinéaste. On en redemande !



lundi 18 janvier 2016

Marvel's Jessica Jones : l'anti-héros féminin de Netflix !


Depuis novembre 2015, la dernière série de Netflix adapté des comics Marvel, Jessica Jones, n'arrête pas de faire parler d'elle. Et pour cause!

Synopsis 


Détective privé à la force surhumaine, Jessica Jones est une âme solitaire, au tempérament exécrable qui vide les bouteilles de vodka ou de whisky plus vite que son ombre. Reconvertie dans la chasse aux époux adultères, elle travaille notamment pour la redoutable avocate Jeri Hogarth (Carrie-Anne Moss, connue pour son rôle majeur dans la trilogie Matrix).

Orpheline à l'adolescence, elle a été recueillie chez Trish, sa seule amie, on apprend assez vite qu'elle a eu un passé tourmenté. Elle a croisé le chemin de Kilgrave, un manipulateur mental dont les victimes obéissent à chacune de ses paroles, allant jusqu'à tuer pour lui avant qu'elle puisse se libérer de son emprise. Il va bientôt revenir la hanter et elle, devoir sauver les victimes collatérales...

Un anti-héros féminin loin des clichés


Si vous cherchez chez une héroïne de série, du genre Sex & the City ou Desperate Housewifes, passez votre chemin. Véritable bad girl, Jessica Jones envoie aussi bien des coups de poings que des coups de gueule.

Toujours affublée d'un jean boyfriend, de bottes style motard, d'un sweat à capuche ou d'une veste en cuir noir, elle regarde toujours un regard désapprobateur ou furieux à ses congénères, et ne cherche pas le grand amour, une belle carrière ou des soirées entre amis.

 Solitaire, elle cache ses blessures et ses angoisses, que Kligrave a marqué à tout jamais. Son seul but, le détruire une fois pour toutes. On assiste tout au long de la première saison à ses tentatives de déjouer ses manipulations sadiques et à en découvrir un peu plus sur leur relation et leur passé.

Kilgrave, le mal s'immisce dans votre esprit


Kilgrave, joué par le superbe David Tennant (Broadchurch), contrôle les esprits des autres pour arriver à ses fins. En véritable sadique, il n'hésite pas à obliger ses victimes à s'infliger les pires supplices. Impossible à prouver et empêchant tout témoignage, il échappe en toute impunité à la police et à la justice. 

Désirant s'entourer d'êtres exceptionnels, il veut faire sienne Jessica avec sa force incroyable et son caractère bien trempé. Laissé pour mort, il n'aura de cesse de la récupérer et de se venger. Diablement intelligent, il semble toujours avoir un coup d'avance dans ses plans machiavéliques, qui vont donner du fil à retordre à Jessica Jones qui doit même se méfier de ses proches.

En bref, Marvel's Jessica Jones est une série haletante et qui renouvelle le genre du comics. Rafraîchissante, elle montre une autre image de la société, en mettant en avant une femme aux attributs habituellement masculins, une homosexualité assumée, des personnages qui connaissent chacun leurs propres blessures, où la frontière entre le bien et le mal est plus que floue.

Good news : Jessica Jones a été renouvelée pour une 2e saison, youpi !









vendredi 8 janvier 2016

Addict de séries : les sites indispensables !


Trop de séries ? Heureusement il y a Betaseries !

C'est le problème quand on est fan de séries : la liste de séries suivies devient longue. Très longue. Du coup pas facile de s'y retrouver, on ne sait plus à quel épisode on s'était arrêté. Série interrompue pour cause de planning personnel ou professionnel surchargé, pause de mi-saison, ou venue de nouvelles séries, il est fréquent d'arrêter pendant plusieurs jours, semaines ou mois de regarder une série. Et là c'est le drame.

Que votre série soit disponible sur une plateforme TV ou de streaming, de téléchargement ...,  patatras ! vous avez perdu le fil, votre historique s'est effacé.... Pas de panique!

Grâce au site betaseries, vous cochez les épisodes vus, et le site le garde en mémoire, vous indiquant par la même occasion à quel pourcentage de la saison vous en êtes.
Bon je ne vous cache pas que voir toutes ces séries suivies défiler, ça fait un peu peur...

L'actu et la programmation des séries : Series Addict

Avec toutes les séries qui sortent à chaque rentrée, les anciennes qu'on se met enfin à regarder (#jeneverraisjamaisleboutdemadmen), on peut vite louper leur lancement ou leur reprise.

Avec des sites consacrés aux séries comme Series Addict, tout est répertorié! Avec les news, vous êtes au courant des nouveautés (séries annoncées, annulées, nouveaux acteurs, événements, etc) et des rubriques spécifiques sont créées notamment à chaque rentrée pour les dates de sorties par chaîne (aux Etats-Unis).

Très pratique, la rubrique programmation reporte les séries et les épisodes qui vont être diffusés pendant la semaine!

Bien sûr des catégories critiques et forum permettent d'aller plus loin dans l'analyse des séries.

Deux sites bien pratiques que j'utilise au quotidien pour ne rien rater de l'actualité des séries !