jeudi 19 mai 2016

La fille du train de Paula Hawkins : un thriller intimiste ?

"Plus de 8 millions d'exemplaires vendus", le premier roman de Paula Hawkins et best-seller dès sa sortie vous annonce la couleur.

Histoire d'en rajouter un peu, voilà ce qu'on lit sur la quatrième de couverture
"Mieux qu'un thriller exceptionnel, un piège paranoïaque et jubilatoire. Lisez-le vous comprendrez pourquoi."
Avant même sa sortie en librairie, le roman va être adapté au cinéma par Steven Spielberg et le roi du thriller, Stephen King en personne a dévoré et adoré le livre. Comment résister?
Pour autant, est-il aussi exceptionnel qu'on le dit? Parce que Marc Lévy aussi vend ses livres à des millions d'exemplaires...

Quand il y a trop de tapage médiatique autour d'un livre ou d'un film, je fais un genre de rejet le temps que ça se calme, pour pouvoir l'apprécier en toute tranquillité, et ne pas être spoilé toutes les 5 minutes sur mon fil facebook ou twitter (un an après, c'est plus facile d'oublier ;) ). Oui, la lecture c'est sacré. Bon, La fille du train, alors, qu'est-ce que ça donne ?

Résumé du livre

On est aux côtés de Rachel, à bord du train qu'elle prend deux fois par jour pour se rendre au travail. Elle passe devant la maison où elle a habité avec Tom, son ex-mari, qui vit maintenant avec Anna, la mère de son enfant. Mais c'est un autre couple dont Rachel observe des bribes de vie, celui de Megan et Scott, deux inconnus. Sauf qu'un jour, elle apprend que cette dernière a disparu.
Roman à trois voix, on accède aux pensées de ces trois femmes, liées entre elles par le personnage de Rachel. Loin d'aider le lecteur, ces trois points de vue ainsi que la chronologie non linéaire des chapitres sèment le doute et la vérité se fait de plus en plus incertaine.

Rachel, portrait d'une anti-héroïne 

Rachel n'est pas une fille à qui tout réussi. Rachel est une jeune divorcée dont le mari l'a quittée pour une autre. Dépressive, elle se réfugie dans l'alcool et finit par quitter son travail. Honteuse, elle le cache à sa colocataire et continue à prendre le train tous les matins comme si de rien n'était. Tous les jours, elle observe ce couple, qu'elle appelle Jess et Jason (Mégan et Scott) et imagine leur vie. On atteint alors un niveau d'intimité et de voyeurisme qui a à la fois crée de la sympathie de la part du lecteur et un certain malaise en même temps. La vie n'étant pas un long fleuve tranquille, on reconnaît ces moments de doute, où rien ne va plus, où on cherche à définir qui on est et ce qui nous rend heureux.
Au fil de la lecture, Paula Hawkins nous donne à voir des femmes qui semblent heureuses en apparence mais qui derrière le masque, cachent des frustrations et des secrets... Symptôme typique d'une société qui met le bonheur et le paraître sur un piédestal. 

Une intrigue à la Gone Girl

Un beau jour Mégan disparaît, sans raison. Rachel, ivre ce soir-là, pense avoir été la dernière à la voir mais ses souvenirs sont flous, se réveillant avec des bleus et du sang sur le crâne, elle ne sait même plus comment elle a eu ces blessures... Elle veut à tout prix découvrir la vérité, pour elle-même et pour cette femme dont elle se sent proche. 
Est-elle partie ? Est-elle vivante? Avait-elle une liaison? On soupçonne le mari, on s'intéresse à ses relations. L'intrigue n'est pas particulièrement innovante mais le mélange de ces trois voix féminines qui ont apporte un point de vue différent sur un même événement, et son personnage principal, une chômeuse alcoolique dont la parole n'est pas recevable apportent une certaine complexité et un réalisme rafraîchissant

A la fois roman intimiste et thriller, La fille du train réconcilie le lecteur avec le genre policier. 


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