dimanche 6 avril 2014

Her : les émotions humaines mises à nu



Los Angeles dans le futur. Théodore Twombly est un homme parmi d'autres, un homme comme les autres, avec sa routine, ses joies et ses peines. Son travail : écrire des lettres pour les autres, suivant ainsi la correspondance d'inconnus depuis parfois des années, prenant part à leur histoire, y insérant sa propre sensibilité.
Mais Théodore est un homme perdu, blessé. Sa femme l'a quitté il y a un an, et il ne peut se décider à signer les papiers du divorce et la quitter pour de bon. Malgré plusieurs rendez-vous avec des femmes charmantes, il ne peut pas aller de l'avant et s'engager. Un jour, il passe devant une publicité : l'OS. Il s'agit du nouveau programme informatique qui vous comprend  et qui est doté d'une personnalité à part entière. Il se lance et rencontre la voix de Samantha, et plus rien ne sera comme avant.

En effet, Samantha est drôle, elle est différente. Elle apprend d'abord à le connaître puis elle s'interroge sur ce qu'elle est. N'est-elle qu'un simple programme informatique ou pense-t-elle vraiment d'elle-même? Son obsession : devenir humaine... Devenant un peu plus réelle chaque jour, ils finissent même par tomber amoureux. Samantha, rien que par sa pensée et sa voix réussit à ressentir les émotions, avoir l'impression du toucher, alors qu'elle n'a pas de corps. Mais elle s'améliore de jour en jour, assimile toujours plus de choses et apprend toujours plus vite. Elle est désormais capable d'être à plusieurs endroits et avec plusieurs personnes en même temps, et dépasse ainsi l'humain et donc Théodore...

Her, c'est "elle", pas le sujet mais bien l'objet, ce programme informatique qui devient peu à peu sujet, conscience, être puis dépasse le réel, devenant l'inimaginable et l'infini. Le film montre le pouvoir des émotions et des sentiments humains, et de l'amour. Joachim Phoenix joue un homme extrêmement sensible mais n'arrive plus à créer de lien avec une autre personne. Il pense avoir vécu toutes les émotions possibles et que désormais il ne peut vivre qu'une version fade de celles-ci.  Mais avec Samantha, que Scarlett Johansson dote d'une personnalité riche et complexe rien qu'aux variations de sa voix, aux tons et à la respiration qu'elle prend ( comme quoi, il n'y a pas besoin d'un corps pour être désirable !), Théodore arrive littéralement à se connecter, fusionne, brisant les barrières des relations humaines, se mettant à nu en s'acceptant tel qu'il est.

Qu'est-ce que l'amour au fond ? Pour Théodore, c'est grandir ensemble et accepter l'autre tel qu'il est alors qu'on a changé et que l'autre a changé. Seulement, les différences sont parfois trop grandes, et on se déteste, on s'isole, on se quitte et on finit seul. Mais alors pour être heureux, parfois, il suffit juste de prendre conscience qu'on est vivant, respirer, vivre l'instant présent, regarder le soleil se coucher, sourire à quelqu'un et rire ensemble.

En tant que spectateur, on vit une vraie expérience, on est à la place de Théodore, nous aussi, n'avons que la voix de Samantha pour l'imaginer ; les intérieurs et les vêtements sont épurés pour qu'on s'attarde exclusivement sur les personnages, les mouvements et les voix. Impossible de ressortir de la salle sans se poser des milliers de questions sur la vie, l'existence ou l'amour. Pendant deux heures, on a beaucoup grandi.


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