lundi 13 octobre 2014

Coup de cœur : Mommy de Xavier Dolan, que d'émotion(s) tabernacle !

Le dernier prix du jury du festival de Cannes est sorti le mercredi dernier sur nos écrans : j'ai nommé, le foudroyant Mommy du réalisateur québécois Xavier Dolan.



Xavier Dolan : jeune, talentueux et atypique


A seulement 25 ans, le jeune réalisateur a déjà un palmarès digne des plus grands. En effet, il a remporté un prix à la Mostra de Venise pour son film Tom à la ferme sorti en 2012. Xavier Dolan a d'abord débuté comme acteur mais c'est derrière la caméra qu'il remporte tous les succès avec son premier long-métrage, J'ai tué ma mère, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2009, abordant les prémices de la relation mère-fils que l'on retrouve chez Mommy.

Xavier Dolan s'entoure toujours de ses acteurs québécois fétiches, comme Anne Dorval qui joue Diane, la mère de Steve et Suzanne Clément, la voisine, dans Mommy. Quant à l'acteur principal du film, Antoine-Olivier Pilon joue déjà un adolescent violent dans le court-métrage du réalisateur dans Indochine-College boy.
Ils ont tous un charisme à tout épreuve, une expressivité qui passe autant par le corps, les expressions du visage que par un fort accent québécois ("Je ne parle pas le français de la France moi madame" réplique Anne Dorval dans le film), délivrant ainsi un jeu intense que nécessite le texte et le scénario de Dolan.


L'histoire


Mommy c'est quoi ? C'est l'histoire de, Diane, une veuve dont le fils Steve a un trouble de déficit de l'attention et d'hyperactivité (TDAH). Il est envoyé de centre en centre, où adolescent, il devient de plus en plus violent, et met le feu à sa dernière résidence où un jeune de son âge est grièvement brûlé. Diane n'a pas d'autre choix que de récupérer son fils, et ils vont tenter de se donner une deuxième chance.

Steve aime et hait dans l'excès : il est autant capable d'adorer sa mère au point de frôler le désir incestueux, ou de vouloir la tuer littéralement pour un mot de travers ou un sentiment de rejet. Apparaît alors dans l'équation Kyla, leur voisine, ancienne institutrice qui n'arrive plus à communiquer. A eux trois, ils vont s'aider mutuellement, vivre, souffrir et aimer.



Pourquoi j'ai aimé ?


Mommy c'est un peu comme une claque. Au début, on appréhende, on a mal : 2h18 de film tourné dans un format "carré" et en québécois sous-titré sur un thème difficile, un adolescent violent et la relation mère-fils ( loin des Marvel et compagnie ). Mais après, la claque, ça vous ouvre les yeux. Mommy est tout simplement plein de vie :

  • La richesse de la langue québécoise, loin du français aseptisé du Larousse, notamment dans ses expressions très imagées ( "tu vas pas chier loin avec ça" au lieu de "tu vas pas aller bien loin avec ça" ! )
  • Le format carré et vertical de l'image (format 1:1) fait penser à un portrait, il nous oblige à nous concentrer sur les visages, l'action pour empêcher notre œil de vagabonder dans le décor.
  • la B.O est juste DÉMENTE : Lana del Rey, Oasis et Céline Dion avec ce qui est pour moi la scène culte du film.
  • Xavier Dolan arrive à rendre beau le quotidien de la banlieue canadienne, les couleurs sont magnifiques, pleines de vie. 
  • Le thème de la relation mère-fils est traité sans cliché, dans toute sa complexité : une mère et un fils qui s'aiment et vivent insensément en faisant un pied de nez aux mœurs de la société, une mère dont les fins de mois difficiles qui l'obligent à tous les stratagèmes pour s'en sortir et remplir le frigo ( petits boulots, manipulation, draguer le voisin travaillant au tribunal pour plaider en faveur de son fils ), le dilemme d'une mère impuissante face à son fils violent tiraillée entre son besoin de l'avoir avec elle et de le faire soigner quitte à l'abandonner. 
  • Les personnages forts dans les films de Dolan sont souvent des femmes et c'est le cas dans Mommy. Diane est une vraie battante, elle n'a pas la langue dans sa poche, a très bien conscience de son effet sur la gente masculine et en profite en toute connaissance de cause. Même la timide Kyla en impose quand elle sort de ses gonds. Dolan arrive à recréer la force de l'amitié féminine, entre confidences et rires à gorge déployée et qui pourtant n'a pas toujours besoin de mots pour s'exprimer ( loin du cliché du papotage féminin ). 
En bref, Mommy est un film solaire où les sentiments exultent, redonnant espoir dans la nature humaine, et ça, ça fait plaisir ! :)